mardi, avril 11, 2006

Les librairies d'occasion... ou le plaisir de fouiller dans des caisses

Il y a quelque chose de magique chez le bouquiniste, une part de mystère, d'inconnu. Si vous avez déjà franchi le seuil d'une de ces petites boutiques qui sentent le renfermé et les vieux papiers alors vous connaissez l'atmosphère si particulière qui s'en dégage. Il y a, selon moi, trois avantages à fréquenter ce genre de librairie.

Tout d'abord, le prix, trés modeste, des ouvrages, même si certains sont à l'inverse de véritables pièces de collection qui coûtent une fortune. Vous savez tous combien les livres neufs sont chers et à quel point ils grèvent parfois notre budget. Les livres d'occasion ont l'avantage d'être trés bon marché et de vous procurer de la lecture à prix trés modique. Bien sûr, cela suppose toutefois de faire le tri. On trouve de tout chez les bouquinistes, y compris de vrais épaves rendus illisibles par les outrages du temps et des lecteurs peu consciencieux.

L'autre avantage, c'est que, chez les bouquinistes, on trouve parfois des petites perles épuisées, indisponibles dans les librairies traditionnelles. Pour ma part, c'est chez les libraires d'occasion que je complète ma collection des livres de René Barjavel, à laquelle ne manquent maintenant que ses ouvrages épuisés chez l'éditeur!

Enfin, il y a la surprise! Bien sûr, on se laisse aussi surprendre chez son libraire de quartier (je ne saurais trop vous encourager à privilégier les librairies indépendantes face aux grandes enseignes sans âmes!), mais chez le bouquiniste, on se fait l'effet d'un aventurier face à la malle au trésor! Et moi, j'adore me sentir aventurière, fouiller avec frénésie dans les bac toujours pleins à rabord pour ressortir les bras chargés de nouvelles lectures inattendues !

mercredi, avril 05, 2006

GANTHERET François, Comme le murmure d'un ruisseau, Gallimard.


François Gantheret fait partie de ces auteurs qui, par la magie de leur plume, parviennent à vous extraire du monde dans lequel vous évoluez pour vous plonger dans le leur. Dans son dernier roman, l'auteur nous emmène en Haute-Savoie et réstitue pour nous, avec des mots toujours justes, le bruit des torrents, les parfums de montagne, l'ivresse de l'air d'altitude. Il fait si bien résonner en nous les émotions de ses personnages qu'il nous semble parfois partager leur intimité et faire notre leurs pensées.

C'est l'histoire de Paul, psychiatre parisien de 45 ans, qui vit avec le souvenir douloureux de la mort de son amour d'enfance, Claire, assassinée 30 ans auparavant et dont le meurtrier n'a jamais été démasqué. Des années plus tard, il retourne au pays pour vendre la ferme de son père et rencontre Béatrice, la jeune soeur de Claire, qu'il n'a jamais connue car elle est née deux ans aprés la mort de cette dernière et qui ressemble comme deux gouttes d'eau à la défunte.

C'est une histoire de fantôme donc, dont le souvenir continue de vivre dans l'esprit des vivants, dans leurs coeurs, mais qui réssucite également bien des douleurs, des souffrances enfouies, des secrets longtemps protégés mais jamais oubliés. A travers le personnage de Paul, François Gantheret nous invite à réfléchir sur le sens donné à la vie, sur l'amour et la façon d'aimer, sur l'avenir et l'espoir.

GANTHERET François, Comme le murmure d'un ruisseau, Gallimard, 12.90 euros.

COE Jonathan, Testament à l'anglaise, Folio, Gallimard.


C'est comme un puzzle qu'il faut aborder l'ouvrage de l'auteur britannique Jonathan Coe, dont les pièces sont figurées par l'histoire de chacun des membres de la famille Winshaw. Cette famille, redoutablement influente, a su s'imposer dans tous les principaux secteurs de l'économie anglaise et donne ici un prétexte à l'auteur pour une satire acerbe de la société.

Michael Owen, écrivain solitaire et peu sûr de lui, est chargé de rédiger l'histoire de la famille Winshaw par la vieille tante Tabitha. Le récit s'articule entre l'histoire des Winshaw et celle de Michael Owen dont les existences s'avérent être incroyablement liées. Jonathan Coe se livre ici à un magnifique exercice. Il tisse de nombreux liens entre ses personnages qui ne se révèlent qu'à la fin et donnent à ce roman toute sa saveur. Il en résulte une sorte de jubilation chez le lecteur qui savoure avec délectation les derniers chapitres.

Si comme moi vous avez trouvé la mise place du récit un peu longue, je vous invite néanmoins à persévérer car c'est vraiment dans la deuxième partie de l'ouvrage que tout le génie de l'auteur se fait sentir. La façon dont il nous manipule est totalement jouissive et la fin du roman est plus que jamais le point d'orgue d'une intrigue rondement menée.

COE Jonathan, Testament à l'anglaise, Folio, Gallimard, 8.50 euros.

vendredi, mars 24, 2006

Et vous, que lisez-vous?



Que lisez-vous en ce moment? Pour ma part, il y a toujours trop de livres en attente dans ma bibliothèque. Quelle galère! Chaque fois que j'en termine un, j'en découvre cinq! Du coup, j'ai un carnet. C'est un carnet noir à spirale que je trimbale la plupart du temps dans mon sac et où je note toutes les références des livres que j'aimerais m'offrir. En ce moment, il doit y avoir au moins 20 références! Et c'est sans compter les livres que je possède déjà et que je n'ai pas encore trouvé le temps de lire.

Mais la lecture, c'est affaire de patience. Il faut du temps, d'abord, pour lire le livre en question, mais aussi parfois pour se décider à le lire. N'y a t'il pas chez vous un ou plusieurs livres que vous avez acquis depuis un moment déjà mais que vous n'avez pas encore lus? Par manque de temps? Pas seulement pour ma part. Un livre, voyez-vous, c'est vivant, ça s'apprivoise. Qu'il soit épais ou au contraire trés fin, le livre ne se donne pas dès la première rencontre. Il faut parfois se préprarer psychologiquement à pénétrer son histoire. La lecture n'est pas sans conséquence, elle invite à un voyage intime au coeur de notre être. Alors, j'en ai qui m'attendent, parfois depuis plusieurs années, que je me décide à les ouvrir. Non pas que je les ai oubliés. C'est pas ça du tout. Mais pour eux, je ne suis pas encore prête.

Et puis, la lecture, c'est parfois difficile. On a fait le premier pas, lu les premières pages, voire une grande partie de l'ouvrage et pourtant on sent que là, c'est fini, on n'avance plus. Soit que le style est trop compliqué, soit que l'histoire s'enlise et ne capte plus notre attention... Il m'est même arrivé de laisser un livre seulement huit pages avant la fin. 8 pages sur un livre qui en compte 291... Je n'arrive pas à me l'expliquer. Il est dans ma bibliothèque, là, à portée de main, et pourtant je ne peux me résoudre à l'attraper pour finir les 8 dernières pages... Allez comprendre.

Mais la lecture, c'est aussi une porte sur le rêve, l'imaginaire, un monde nouveau qui s'ouvre à nous, qu'on peut transporter, qui nous influence parfois, nous fait réfléchir. C'est aussi une porte vers le savoir, la connaissance ou un outil de propagande... C'est puissant un livre, précieux, inestimable...

La plume enchanteresse de Joëlle Brière


A tous ceux et celles qui ne connaissent pas encore cette auteur, je les invite dès maintenant à ouvrir les pages des trés jolis livres de Joëlle Brière. Vous pourrez déguster ses petits textes courts et vifs, savoureux et percutants. Des morceaux de sagesse, déclarations d'amour à la vie, à la nature, odes à l'amitié qui vous bouleversent ou vous tirent dans de douces rêveries.

Joëlle Brière est une artiste, tant dans sa manière de ciseler les mots que dans les illustrations qui accompagnent ses ouvrages et qui trahissent l'humour et la malice de cette femme hors du commun. Véritable poétesse, ses écrits sont désormais enseignés dans les cours de français de collège. Quelle consécration pour cette ancienne institutrice! Si vous êtes allés au Salon du Livre ces derniers jours à Paris, vous l'avez peut-être rencontrée sur le stand des éditions de la Renarde Rouge. Car en plus d'être un écrivain merveilleux, Joëlle Brière est aussi une femme remarquablement dynamique qui n'a pas hésité à consacrer sa retraite au métier d'éditrice. Elle a, en effet, fondé en 1994 les éditions de La Renarde Rouge. Les ouvrages qu'elles publient sont à l'image de son travail personnel, des textes courts magnifiés par un papier ivoire de superbe qualité qui fait des ces petits ouvrages de véritables bijoux, trésors à conserver et véritable bonheur à feuilleter.

Parmi ceux écrits par Joëlle Brière elle-même, attardez-vous sur "Pinpanicaille", de petits poèmes destinés aux enfants (et aux plus grands!). Vous accompagnerez l'auteur dans son jardin, vos sens mis en éveil par sa plume magicienne, goutant les parfums de la terre, de l'herbe coupée, admirant les parterres de fleurs et parcourant avec gourmandise le potager, dans l'ouvrage que je préfère intitulé "Ce jardin devant moi...". Vous ferez le plein de sagesse en lisant "Et Zen alors!..." et vous laisserez envahir par la beauté de son dernier livre, paru en août 2005, "Les vergers", illustré par les sublimes calligraphies de Patrick Cutté.

Joëlle BRIERE, Pinpanicaille, Les éditions de la Renarde Rouge, 1994, 23 euros.
Joëlle BRIERE, Ce jardin devant moi..., Les éditions de la Renarde Rouge, 2003, 21.50 euros.
Joëlle BRIERE et Abel CHAMOZ, Et Zen alors!..., Les éditions de la Renarde Rouge, 2003, 16 euros.
Joëlle BRIERE et Patrick CUTTE, Les vergers, Les éditions de la Renarde Rouge, 2005, 24 euros.

mardi, mars 07, 2006

GAVALDA Anna, Je l'aimais, J'ai Lu


Putain de vie... A croire que le bonheur, c'est trop difficile, trop de travail, trop de complications. Je déteste ce bouquin ou je bien je l'adore... Difficile à dire. Ca m'a retourné l'estomac, mis les tripes à l'envers. Qu'est-ce que c'est que ça?! Qu'est-ce que ça veut dire?! C'est l'histoire d'une femme, que son mari vient de quitter. Son beau-père l'emmène à la campagne et une nuit se confie à elle. Il lui raconte que bien des années auparavant, il est tombé amoureux d'une femme qui le rendait infiniment heureux. Seulement il n'a pas trouvé le courage de quitter sa famille. Alors il l'a laissé partir et il est resté trés malheureux. Voilà. Putain de vie! Je suis révoltée! Découragée? Il faut prendre son bonheur en main, se secouer le prunier, s'arracher de sa torpeur quotidienne. Moi je le trouve effrayant ce bouquin. Il donne droit à l'erreur. Sauf que l'erreur, ça fait souffrir. Bien sûr, c'est bien écrit, bien sûr on est happé par l'histoire de Chloé et plus encore par celle de Pierre. J'apprécie toujours autant la plume de Anna Gavalda, mais cette histoire... Elle fait écho à tellement de craintes, de peurs, de doutes aussi... Ca m'a donné la nausée...

GAVALDA Anna, Je l'aimais, J'ai Lu, 4.50 euros.

lundi, mars 06, 2006

GERMAIN Sylvie, Magnus, Albin Michel



Je viens juste de tourner la dernière page de ce livre mais déjà il faut que je vous livre mon sentiment avant que la magie ne s'en aille. C'est un roman presque impossible à décrire et encore plus à résumer. C'est l'histoire d'un homme, voilà tout. Mais un homme qui doit reconquérir son passé, rassembler les morceaux d'un puzzle insaisissable, dont les pièces lui glissent entre les doigts comme de l'eau vive. C'est magnifique. C'est comme un rêve, tant le récit est parfois décousu. Ca ne raconte rien, juste l'histoire de la vie, de cette vie si particulière, de cette histoire si lourde à porter qu'elle ne se laisse pas facilement attraper. C'est un moment de grâce, mêlée à la douleur de ce personnage balloté par l'existence, rudoyé par les évènements.

Je pense que je l'ai lu trop vite. C'est un roman qui se déguste. Il faut le laisser s'aérer, laisser à l'histoire le temps de s'infuser lentement, de se diffuser doucement en nous. C'est un charme puissant, pas trés drôle, pas du tout anodin. La plume de l'auteur est légère, aérienne, enchanteresse. C'est magique et douloureux à la fois. Une merveille.

GERMAIN Sylvie, Magnus, Albin Michel, 17.50 euros.

samedi, mars 04, 2006

REYSSET Karine, A ta place, Editions de l'Olivier


Cécile est une jeune femme boulotte, qui vit seule avec son chat. Elle mène une vie monotone, entretenant ses kilos et sa solitude jusqu'à ce que le médecin d'un hopital psychiatrique ne la contacte pour lui donner des nouvelles de Chloé, son amour d'adolescente. Chloé a perdu la mémoire et ces retrouvailles vont bouleverser l'existence de Cécile, qui va tout faire pour retrouver son amour passé en redonnant vie à la jeune femme amnésique.

J'ai lu ce livre en deux jours. D'une part parce qu'il est assez court mais aussi parce qu'il m'a littéralement captivée. Pourtant, pour être tout à fait honnête, les premières pages ne m'ont pas convaincue et j'ai été tentée de stopper là ma lecture. Mais au fur et à mesure, le personnage de Cécile m'a profondément touchée. Dans sa quête du passé de Chloé, c'est un peu d'elle-même qu'elle va trouver, un retour en arrière sur son propre vécu qu'elle va faire, faisant les comptes, dressant le bilan de 13 années de solitude. La fin est terriblement brutale, laissant presque le récit en suspend, comme d'ailleurs la vie de Cécile, comme une claque, un grand coup qui vous laisse sonné. On voudrait crier "Et alors!! Ou est la suite?" ou bien "C'est tout?" mais à la réflexion, tout est dit. Je pense que le dénouement en déroutera plus d'un et le roman tout entier met assez mal à l'aise. Ecrit à la première personne, il incite le lecteur à mêler ses propres sentiments à ceux du narrateur, mêlant nos angoisses et nos espérances à celles de Cécile. "A ta place" porte d'ailleurs trés bien son titre, mais cela on ne le comprend qu'à la fin.

Le roman de Karine REYSSET ne figure pas parmi ceux que je vous conseille de tout coeur car je suis convaincue qu'il ne séduira pas tout le monde. Je ne suis d'ailleurs pas sûre de pouvoir dire qu'il m'a vraiment plu. Mais une chose est sûre, il ne m'a pas laissée indifférente.

REYSSET Karine, A ta place, Editions de l'Olivier, 18 euros.

vendredi, mars 03, 2006

BAILLY Jean-Christophe, Une nuit à la bibliothèque, Christian Bourgois


Imaginez-vous, la nuit, installés dans la salle de lecture d'une bibliothèque. Soudain, un homme vous adresse la parole et vous tient une sorte de conférence. Mais il est bientôt interrompu par des fantômes, les fantômes de livres qui s'interrogent sur leur existence, le monde extérieur, leur signification , leur place et qui transmettent leur expérience aux nouveaux venus.

"Une nuit à la bibliothèque" est une pièce de théâtre traduite de l'italien et qui a pour particularité de n'être jouée que dans des bibliothèques. En France, elle a été jouée dans les bibliothèques de Dijon, Caen et Montreuil. C'est un véritable petit bijou qui vous invite à réfléchir sur la conservation des ouvrages et leur avenir, et qui vous plonge dans une drôle d'atmosphère. En laissant la parole aux livres, elle nous rappelle que ces derniers constituent une part de notre patrimoine fragile soumis aux entraves du temps et aux mains des lecteurs peu scrupuleux. Elle nous rappelle aussi que les livres sont faits pour être lus, comme en témoignent les lamentations des différents "personnages" de la pièce qui se plaignent de n'être que trop rarement sortis de la réserve ou du rayonnage où ils ont été rangés.

Un trés joli texte que je vous conseille absolument et qui se lit trés rapidement.

BAILLY Jean-Christophe, Une nuit à la bibliothèque, Christian Bourgois, 10 euros.

A propos de Dan Brown


C'est comme une superproduction hollywoodienne: de beaux acteurs, de l'action, des rebondissements abracadabrants et une histoire d'amour qui finit bien. C'est ça un livre de Dan Brown. N'en déplaise aux pseudo-intellectuels qui décrient ce genre de littérature, plébiscitée par le plus grand nombre et responsable des meilleurs chiffres de vente en librairie, ses romans sont plaisants. Et ce serait faire preuve de snobisme que de s'en passer juste pour se démarquer, car voilà une des raison, à mon sens, les plus stupides de se priver de lire un livre.

Néanmoins, on peut regretter les histoires un peu tirées par les cheveux, des rebondissements tellement incroyables qu'ils en deviennent nettement moins convaincants, un style peu travaillé et des héros stéréotypés. On peut reprocher à l'auteur de nous resservir avec des intrigues différentes, une recette en fin de compte unique qu'il duplique dans chacun de ses romans. Je ne vous dévoilerai donc rien en vous disant que dans le dernier opus paru chez Lattès, on a droit à une intrigue politique (comme dans ses ouvrages précédents) impliquant le président des Etats-Unis et un sénateur qui fait campagne pour la Maison Blanche, des méchants que l'on ne soupçonnait pas au début et qui nous mènent en bateau jusqu'à la fin (idem dans "Da Vinci Code" et "Anges et Démons") et une découverte scientifique phénoménale de la NASA qui doit changer la face du monde (cf "Anges et Démons"). Je ne vous cacherai pas que le héros passe à plusieurs reprises tout prés d'une mort qui semble inéluctable pour finalement s'en sortir de façon invraisemblable (et sans suspens merci). On notera toutefois que, comme pour ses romans précédents, l'auteur nous livre ici une histoire remarquablement bien documentée et fait preuve d'une imagination débordante!

En résumé, Dan Brown nous réserve encore quelques moments de détente mais rien qui vaille la peine de se précipiter à la librairie.

BROWN Dan, Deception point, JC Lattés, 22 euros.

mardi, février 28, 2006

STROUD Jonathan, L'Amulette de Samarcande, Albin Michel



Ce livre ne figure pas parmi les nouveautés, encore que vous le trouverez souvent bien en vue dans les librairies "jeunesse" car il s'agit d'une trilogie ("La Trilogie de Bartiméus") dont le dernier tome est paru en 2005. "L'Amulette de Samarcande" en est le premier volet.

L'histoire nous emmène à Londres au sein de la communauté des sorciers. Ca vous rappelle quelque chose? Eh, bien vous n'y êtes pas du tout! Rien à voir avec un célèbre jeune sorcier anglais à lunettes rondes! Ici, bien qu'on reprenne la même thématique, la sorcellerie est abordée avec un angle radicalement différent. Dans le roman de Jonathan STROUD, le monde est gouverné par les sorciers, une caste trés fermée, qui détient le pouvoir. Et par l'intermédiaire d'un jeune apprenti trés (trop?) doué, l'auteur nous plonge au coeur des luttes de pouvoir et tentatives de coup d'état, tandis qu'une partie des plébéiens (les non-sorciers) organisent la résistance et sèment le trouble.

Le ton est plein d'humour et l'histoire haletante encore que le début est un petit peu long. Le récit est construit sur une alternance entre ce que vit le petit garçon et ce que vit le démon nommé Bartiméus, leur deux histoires étant bien sûr imbriquées. Lorsqu'ils sont ensemble, cette construction a pour avantage de nous livrer les points de vue de chacun des deux protagonistes sur l'action qu'ils sont en train de vivre. Jonathan Stroud manie trés bien la psychologie de ses personnages, notamment celui du jeune garçon, dont on ne sait pas trés bien à l'issue de ce tome s'il sera finalement du côté des gentils ou si l'ambition et la tristesse le feront pencher vers le côté obscur de la Force...

Le tome suivant est intitulé "L'Oeil du Golem" et il attend sagement dans ma bibliothèque que je termine les ouvrages que j'ai en cours! Dès que je l'aurais lu, je vous livrerai ici mes impressions. En attendant, jetez-vous dès que possible sur ce roman vraiment palpitant!

STROUD Jonathan, L'Amulette de Samarcande, Albin Michel, 2003, 17 euros.

dimanche, février 26, 2006

SARDOU Romain, Une seconde avant Noël, XO éditions


Ce livre est à destination des grands enfants, ceux qui croient encore au Père Noël, que les contes de fées charment encore et qui savent laisser place au rêve et à l'innocence. Le roman de Romain Sardou n'a pas d'autre ambition que de nous replonger dans le monde doux et sécurisant de l'enfance. On s'imagine au coin d'une cheminée, un soir d'hiver et on laisse notre imagination vagabonder au pays des lutins, des fées et du Vieux monsieur à barbe blanche! Dans un univers digne de Dickens, on suit les péripéties d'un petit garçon, pauvre et orphelin et on assiste à la naissance d'un mythe, tout ça sous le regard bienveillant et avec l'aide des créatures magiques.

Si comme moi, vous aimez les histoires où tout finit bien, les histoires douces comme un sucre d'orge accroché au sapin, préparez-vous un bon chocolat chaud, callez-vous dans un fauteuil trés moelleux et embarquez pour le pays de tous les possibles! Vous y rencontrerez des rennes volants, des lutins malicieux, une fée trés avisée, un Génie prêt à tout pour se racheter, et peut-être, si vous avez été trés sages, le Père-Noël lui-même. Vous découvrirez alors qu'il n'est peut-être pas celui que vous pensez...

SARDOU Romain, Une seconde avant Noël, XO éditions, 19.90 euros.

jeudi, février 16, 2006

PAOLINI Christopher, Eragon, Bayard Jeunesse


Les amateurs de littérature fantasy attendent déjà avec impatience la suite de ce roman ("L'Ainé", à paraitre le 23 février prochain)! On découvrira alors la suite des aventures d'Eragon, un jeune homme au destin exceptionnel, et de sa dragonne Saphira. Au coeur d'un Empire ravagé par le Mal, notre héros et sa féroce compagne doivent surmonter bien des dangers et déjouer bien des pièges pour sauver leur vie et rétablir la paix.

Voilà un livre que je vous recommande chaudement, surtout si comme moi vous êtes sensible à ce genre de littérature. Déniché au rayon jeunesse de la Fnac, j'ai été complétement enthousiasmée par cette histoire. Même si, dans ce registre, on peut critiquer un certain manque d'originalité : c'est toujours un peu la même histoire (la lutte contre les forces du Mal), un peu le même héros (un jeune garçon que rien n'avait prédisposé à un pareil destin), un peu les mêmes catégories de personnages (un mentor, des elfes, des monstres trés moches et trés cruels, un méchant trés méchant, etc...). Ceci étant, il n'en reste pas moins un ouvrage bien ficelé, mais quand même nettement moins captivant qu'un autre livre que je viens de terminer et intitulé "L'Amulette de Samarcande" (cf critique à suivre).


PAOLINI Christopher, Eragon, Bayard Jeunesse, 19.90 euros.

mercredi, février 15, 2006

PINGEOT Mazarine, Bouche cousue, Julliard


En ouvrant le livre de Mazarine Pingeot, je n'avais aucune idée préconçue sur le personnage. Et j'ai tout de suite été saisie par la qualité de sa plume. Mazarine Pingeot s'adresse ici à l'enfant qu'elle porte, qu'elle attend et désire et tente pour lui de livrer une version personnelle de son histoire avec François Mitterand, père mais aussi et surtout première personnalité publique en sa qualité de chef de l'Etat.

On peut s'interroger sur la nécessité de faire publier ce témoignage et de le porter à l'appréciation de tous. N'aurait-il pas suffit qu'elle consigne cela par écrit pour elle et son enfant uniquement? Ou bien s'agit-il pour la jeune femme de rendre justice à son histoire familiale face à l'opinion des médias? On peut, en effet, trouver louable son désir de ne pas laisser prévaloir son statut de fille cachée du Président de la République au moment où elle s'apprête elle-même à donner la vie. Il est juste de vouloir léguer à son enfant une histoire familiale sur laquelle ne pèse ni le regard des journalistes, ni le poids des enjeux politiques mais juste celui d'une fille envers son père parti trop tôt, un père qui ne connaitra jamais ses petits-enfants, un père avec qui elle n'aura pas eu le temps de partager la joie de ses réussites aux concours (de l'ENS puis de l'agrégation de philosophie). C'est un récit particulièrement touchant que nous livre Mazarine Pingeot, qui évoque ses souvenirs de petite fille, puis d'adolescente. Qu'elle agace, indiffère ou intrigue la fille de François Mitterand nous émeut grâce à un style travaillé et fluide à la fois. On se laisse facilement gagner à la cause de cette jeune femme dont l'enfance fut si particulière, cachée, protégée, surveillée puis jugée lorsque la vérité sur son existence éclata dans la presse. Il n'est pas exagéré de dire qu'elle fut souvent dépossédée de son intimité. Il faut avoir vu le trés bon reportage qui lui fut consacrée sur France Télévision pour prendre la mesure de ce qu'elle a vécu. Qu'elle que soit notre opinion à son sujet, on imagine sans mal sa douleur et son indignation, lorsqu'elle est traquée par les photographes alors qu'elle vient se recueillir sur la tombe de son père.

Voilà une lecture que je ne vous conseille pas absolument mais qui vaut la peine qu'on s'y arrête. Encore une fois, on peut sans problème critiquer cette mise à nu de la vie privée (comme il en fleuri tant sur les tables des libraires et dans les catalogues des éditeurs ces derniers temps) et soulever la question de l'intérêt financier et publicitaire pour Mazarine Pingeot de publier un tel ouvrage. Mais il reste néanmoins que pour se faire une opinion, il faut d'abord l'avoir lu.

PINGEOT Mazarine, Bouche cousue, Julliard, 18 euros.

FASMAN Jon, La Bibliothèque du Géographe, Seuil


Avec un titre comme celui-là, ce roman ne pouvait qu'attirer mon attention! Tout commence par la mort d'un vieil historien estonien établi aux Etats-Unis. Tandis qu'un jeune journaliste enquête sur les circonstances étranges de ce décès, l'auteur nous entraine à travers les siècles sur les traces des objets qui furent dérobés en 1154 à Al-Idrisi, géographe du roi Roger II de Sicile. Dispersés aux quatre coins du monde, ces objets n'étaient autre que les outils d'un alchimiste.

L'intrigue assez bien menée mêle récit historique et enquête policière. L'alternance entre les époques est parfois un peu difficile à suivre et le dénouement ne m'a, je l'avoue, pas vraiment convaincue. Jon Fasman met en place de nombreuses énigmes qu'il ne résout pas toutes à l'issue du roman, ce qui m'a quelque peu laissée sur ma faim et sur un sentiment de frustration. Néanmoins, c'est un bon moment de lecture assuré car le lecteur est tenu en haleine et les va-et-vient temporels mais aussi géographiques liés à l'histoire des objets dérobés évitent toute monotonie. De plus, l'auteur laisse planer le mystère autour de l'historien décédé assez longtemps pour aiguiser notre curiosité et nous inciter à poursuivre la lecture. Un bon roman pour les vacances, mais dont la fin aurait selon moi mérité d'être un peu plus aboutie.

FASMAN Jon, La Bibliothèque du Géographe, Seuil, 22 euros.

mardi, février 14, 2006

FLEUTIAUX Pierrette, Les Amants imparfaits, Actes Sud


C'est l'histoire de Raphaël, fils unique élevé par sa mère. Et Raphaël nous parle. Il nous raconte son enfance et comment il a rencontré les jumeaux Léo et Camille. Il est question de leur amitié, de cette relation à trois qui se construit au fil des années. Raphaël fait des va et vient dans le passé, il jongle avec ses souvenirs. Il sème des indices, construit un suspens. Il s'est passé quelque chose de terrible. Dès le début Raphaël nous en fait part, mais il faudra attendre la fin de l'ouvrage, suivre le fil de ses pensées, souvent chaotiques, pour reconstruire la chaine d'évènements qui les aura menés jusque là. Qu'ils sont étranges les jumeaux et comme ils mettent mal à l'aise. Raphaël s'adresse à son psy. Il s'adresse aussi à Natacha, une jeune femme rencontrée lors d'un congrès des écrivains au Mali. Car c'est une thérapie par l'écriture à laquelle nous invite Raphaël. Il exorcise ainsi ses souvenirs, fait le point sur son histoire avec Léo et Camille. Et nous entraine vers le moment du drâme.

J'ai découvert ce roman en fouinant à la librairie où je travaille. Il m'a tout de suite intriguée. Il est parfois un peu difficile à suivre mais il mérite vraiment d'être évoqué. On voit que l'auteur maîtrise parfaitement son histoire et elle balade le lecteur dans les méandres des pensées de son personnage principal avec beaucoup d'aisance. La construction du récit est remarquable et on a vraiment l'impression de voir se tisser au fur et à mesure les fils du roman tant elle dipose avec précision les pièces qui batissent l'intrigue. On est tenu en haleine par le suspens et notre curiosité est aiguisée par les indices que Raphaël sème dans ses propos. Pierrette Fleutiaux délivre au compte-goutte des éléments sur la personnalité des jumeaux et sur la relation ambigue qu'ils entretiennent avec le narrateur, d'où le profond sentiment de malaise qui saisit souvent le lecteur. D'ailleurs, les premières pages donnent le ton puisqu'elles font part de la relation incestuel de Léo et Camille. Pour résumer, voilà un ouvrage qui m'a beaucoup plu mais qui ne sera pas forcément du goût de tout le monde.

FLEUTIAUX Pierrette, Les Amants imparfaits, Actes Sud, 19.80 euros.

GAVALDA Anna, Ensemble c'est tout, La Dilettante



Incontestablement un des plus merveilleux romans qu'il m'ait été donné de lire ces derniers mois. Camille, jeune femme paumée que la vie n'a pas épargnée, rencontrent deux autres écorchés vifs avec lesquels va se nouer une formidable relation de solidarité, d'amitié et d'amour. Le récit est si bien écrit qu'il est quasiment impossible de se décrocher de ce livre. Je me suis relevée la nuit pour continuer à le lire tant l'histoire de ces personnages m'avait captivée! Et c'est ce genre de sensations qui rend la lecture si palpitante, lorsqu'on est plongé dans un livre si bien construit qu'on ne peu plus s'en détacher avant d'avoir tourné la dernière page. Un pavé qui se lit en deux jours! Et que je vous conseille absolument si vous êtes passés à côté de ce succès de librairie! A savoir qu'il est depuis paru en poche, chez Pocket. Du même auteur, jetez-vous également sur son recueil de nouvelles intitulé "Je voudrais que quelqu'un m'attende quelque part", véritable petit bijou, morceaux de vie pas toujours drôles mais si bien racontés. Le style est plein d'humour, incisif et tranchant comme une lame. Voilà un auteur qui ne laisse pas indifférent et vous plonge dans son univers de façon saisissante, vous laissant en apnée pendant toute la durée de son récit. Elle a également publié chez La Dilettante, "Je l'aimais" et chez Bayard Jeunesse "35 kilos d'espoir". Je n'ai pas encore lu ces deux derniers titres aussi n'hésitez pas à me faire profiter de votre avis.

GAVALDA Anna, Ensemble c'est tout, La Dilettante
, 22 euros.

dimanche, février 12, 2006

RUFIN Jean-Christophe, La Salamandre, Gallimard


La vie de Catherine est d'une incroyable monotonie jusqu'à ce qu'elle entreprenne une voyage au Brésil. Elle y rencontrera Gil, un jeune gigolo, et cette rencontre ainsi que l'amour passionnel qu'elle nourrira pour le jeune homme vont changer sa vie, la bouleverser mais surtout la faire basculer de façon dramatique...

Difficile d'imaginer comment l'histoire va évoluer. En tout cas, une chose est sûre, on ne s'attend pas à ça. Jean-Christophe Rufin nous entraine dans un pays où la misère profonde cotoie le développement et la modernité. Catherine va franchir la limite qui sépare les riches des pauvres et se confronter avec un monde qu'elle n'imaginait pas, oubliant ses repères d'européenne en ouvrant pour la première fois son coeur et son corps aux délices de l'amour et de la passion sans imaginer un instant les risques qu'elle a pris et l'issue qui l'attend.

Ce roman m'a mis un peu mal à l'aise tout en me laissant un peu sur ma faim. Je ne vous le conseille pas absolument, néanmois, libre à vous de vous faire votre propre opinion. Mais si vous devez lire un ouvrage de Jean-Christophe Rufin (Président de l'ONG Action contre la Faim), ouvrez plutôt Rouge Brésil, fabuleux roman historique mettant en scène un frère et une soeur partis dans un navire vers la découverte de l'Amérique.

RUFIN Jean-Chrisophe, La Salamandre, Gallimard, 2005, 17.50 euros.

DUGAIN Marc, La Malédiction d'Edgar, Gallimard


Si les intrigues politiques vous ont toujours fascinées, plongez-vous sans attendre dans le roman de Marc Dugain. Il retrace les années durant lesquelles John Edgar Hoover fut à la tête du FBI et comment il marqua l'histoire des Etats-Unis. On comprend quelle fut son influence sur les hommes politiques de son pays mais aussi sur les journalistes et les personnalités importantes. Par le biais des écoutes et des fiches de renseignements, il avait acquis un pouvoir indéniable sur les hommes influents et son ombre a plané sur tous les évènements majeurs de son temps. De l'arrivée au pouvoir de John F. Kennedy à l'affaire du Watergate, c'est un pan entier de l'histoire américaine que Marc Dugain nous invite à revisiter en nous plaçant dans la peau de Clyde Tolson, bras droit et amant de Hoover.

DUGAIN Marc, La Malédiction d'Edgar, Gallimard, 19.90 euros.

THILLIEZ Franck, La Chambre des Morts, Le Passage



"En pleine nuit, au milieu de nulle part, un homme surgit et se fait renverser. A ses côtés, un sac rempli de billets. Deux millions d'euros, là, à portée de main. Aucun témoin. Que faire? Appeler la police, ou disparaitre avec l'argent? Vigo et Sylvain, jeunes informaticiens au chômage, ne tardent pas à se décider. Le lendemain, une fillette aveugle est retrouvée morte dans un entrepôt. Peu aprés, une autre est enlevée. Diabétique. Ses heures sont comptées. Et si le magot n'était autre que la rançon destinée à sauver la vie d'une gamine?"

Voici un excellent roman découvert grâce au magazine Livre Hebdo. Dès les premières pages, on est tout de suite happé par l'atmosphère angoissante qui se dégage de ce polar. Au fil des pages, l'auteur nous tient en haleine grâce à une histoire pleine de rebondissements et de suspens. Avis aux âmes sensibles, certains passages sont à glacer le sang! A travers un style vif et travaillé, Franck Thirriez nous entraine dans un monde de folie meurtrière qui reflète l'âme torturée de ses personnages dont les personnalités complexes sont parfois déroutantes, voire carrément dérangeantes... Publiée chez un petit éditeur parisien, Le Passage, La Chambre des Morts, a bénéficié d'un formidable bouche à oreille chez les libraires. Voici donc un joli petit succès éditorial qui le mérite bien, pour un roman trés bien ficelé que je vous conseille
vivement !


THILLIEZ Franck, La Chambre des morts, Le Passage, 15 euros.