mardi, avril 11, 2006

Les librairies d'occasion... ou le plaisir de fouiller dans des caisses

Il y a quelque chose de magique chez le bouquiniste, une part de mystère, d'inconnu. Si vous avez déjà franchi le seuil d'une de ces petites boutiques qui sentent le renfermé et les vieux papiers alors vous connaissez l'atmosphère si particulière qui s'en dégage. Il y a, selon moi, trois avantages à fréquenter ce genre de librairie.

Tout d'abord, le prix, trés modeste, des ouvrages, même si certains sont à l'inverse de véritables pièces de collection qui coûtent une fortune. Vous savez tous combien les livres neufs sont chers et à quel point ils grèvent parfois notre budget. Les livres d'occasion ont l'avantage d'être trés bon marché et de vous procurer de la lecture à prix trés modique. Bien sûr, cela suppose toutefois de faire le tri. On trouve de tout chez les bouquinistes, y compris de vrais épaves rendus illisibles par les outrages du temps et des lecteurs peu consciencieux.

L'autre avantage, c'est que, chez les bouquinistes, on trouve parfois des petites perles épuisées, indisponibles dans les librairies traditionnelles. Pour ma part, c'est chez les libraires d'occasion que je complète ma collection des livres de René Barjavel, à laquelle ne manquent maintenant que ses ouvrages épuisés chez l'éditeur!

Enfin, il y a la surprise! Bien sûr, on se laisse aussi surprendre chez son libraire de quartier (je ne saurais trop vous encourager à privilégier les librairies indépendantes face aux grandes enseignes sans âmes!), mais chez le bouquiniste, on se fait l'effet d'un aventurier face à la malle au trésor! Et moi, j'adore me sentir aventurière, fouiller avec frénésie dans les bac toujours pleins à rabord pour ressortir les bras chargés de nouvelles lectures inattendues !

mercredi, avril 05, 2006

GANTHERET François, Comme le murmure d'un ruisseau, Gallimard.


François Gantheret fait partie de ces auteurs qui, par la magie de leur plume, parviennent à vous extraire du monde dans lequel vous évoluez pour vous plonger dans le leur. Dans son dernier roman, l'auteur nous emmène en Haute-Savoie et réstitue pour nous, avec des mots toujours justes, le bruit des torrents, les parfums de montagne, l'ivresse de l'air d'altitude. Il fait si bien résonner en nous les émotions de ses personnages qu'il nous semble parfois partager leur intimité et faire notre leurs pensées.

C'est l'histoire de Paul, psychiatre parisien de 45 ans, qui vit avec le souvenir douloureux de la mort de son amour d'enfance, Claire, assassinée 30 ans auparavant et dont le meurtrier n'a jamais été démasqué. Des années plus tard, il retourne au pays pour vendre la ferme de son père et rencontre Béatrice, la jeune soeur de Claire, qu'il n'a jamais connue car elle est née deux ans aprés la mort de cette dernière et qui ressemble comme deux gouttes d'eau à la défunte.

C'est une histoire de fantôme donc, dont le souvenir continue de vivre dans l'esprit des vivants, dans leurs coeurs, mais qui réssucite également bien des douleurs, des souffrances enfouies, des secrets longtemps protégés mais jamais oubliés. A travers le personnage de Paul, François Gantheret nous invite à réfléchir sur le sens donné à la vie, sur l'amour et la façon d'aimer, sur l'avenir et l'espoir.

GANTHERET François, Comme le murmure d'un ruisseau, Gallimard, 12.90 euros.

COE Jonathan, Testament à l'anglaise, Folio, Gallimard.


C'est comme un puzzle qu'il faut aborder l'ouvrage de l'auteur britannique Jonathan Coe, dont les pièces sont figurées par l'histoire de chacun des membres de la famille Winshaw. Cette famille, redoutablement influente, a su s'imposer dans tous les principaux secteurs de l'économie anglaise et donne ici un prétexte à l'auteur pour une satire acerbe de la société.

Michael Owen, écrivain solitaire et peu sûr de lui, est chargé de rédiger l'histoire de la famille Winshaw par la vieille tante Tabitha. Le récit s'articule entre l'histoire des Winshaw et celle de Michael Owen dont les existences s'avérent être incroyablement liées. Jonathan Coe se livre ici à un magnifique exercice. Il tisse de nombreux liens entre ses personnages qui ne se révèlent qu'à la fin et donnent à ce roman toute sa saveur. Il en résulte une sorte de jubilation chez le lecteur qui savoure avec délectation les derniers chapitres.

Si comme moi vous avez trouvé la mise place du récit un peu longue, je vous invite néanmoins à persévérer car c'est vraiment dans la deuxième partie de l'ouvrage que tout le génie de l'auteur se fait sentir. La façon dont il nous manipule est totalement jouissive et la fin du roman est plus que jamais le point d'orgue d'une intrigue rondement menée.

COE Jonathan, Testament à l'anglaise, Folio, Gallimard, 8.50 euros.