vendredi, mars 24, 2006

Et vous, que lisez-vous?



Que lisez-vous en ce moment? Pour ma part, il y a toujours trop de livres en attente dans ma bibliothèque. Quelle galère! Chaque fois que j'en termine un, j'en découvre cinq! Du coup, j'ai un carnet. C'est un carnet noir à spirale que je trimbale la plupart du temps dans mon sac et où je note toutes les références des livres que j'aimerais m'offrir. En ce moment, il doit y avoir au moins 20 références! Et c'est sans compter les livres que je possède déjà et que je n'ai pas encore trouvé le temps de lire.

Mais la lecture, c'est affaire de patience. Il faut du temps, d'abord, pour lire le livre en question, mais aussi parfois pour se décider à le lire. N'y a t'il pas chez vous un ou plusieurs livres que vous avez acquis depuis un moment déjà mais que vous n'avez pas encore lus? Par manque de temps? Pas seulement pour ma part. Un livre, voyez-vous, c'est vivant, ça s'apprivoise. Qu'il soit épais ou au contraire trés fin, le livre ne se donne pas dès la première rencontre. Il faut parfois se préprarer psychologiquement à pénétrer son histoire. La lecture n'est pas sans conséquence, elle invite à un voyage intime au coeur de notre être. Alors, j'en ai qui m'attendent, parfois depuis plusieurs années, que je me décide à les ouvrir. Non pas que je les ai oubliés. C'est pas ça du tout. Mais pour eux, je ne suis pas encore prête.

Et puis, la lecture, c'est parfois difficile. On a fait le premier pas, lu les premières pages, voire une grande partie de l'ouvrage et pourtant on sent que là, c'est fini, on n'avance plus. Soit que le style est trop compliqué, soit que l'histoire s'enlise et ne capte plus notre attention... Il m'est même arrivé de laisser un livre seulement huit pages avant la fin. 8 pages sur un livre qui en compte 291... Je n'arrive pas à me l'expliquer. Il est dans ma bibliothèque, là, à portée de main, et pourtant je ne peux me résoudre à l'attraper pour finir les 8 dernières pages... Allez comprendre.

Mais la lecture, c'est aussi une porte sur le rêve, l'imaginaire, un monde nouveau qui s'ouvre à nous, qu'on peut transporter, qui nous influence parfois, nous fait réfléchir. C'est aussi une porte vers le savoir, la connaissance ou un outil de propagande... C'est puissant un livre, précieux, inestimable...

La plume enchanteresse de Joëlle Brière


A tous ceux et celles qui ne connaissent pas encore cette auteur, je les invite dès maintenant à ouvrir les pages des trés jolis livres de Joëlle Brière. Vous pourrez déguster ses petits textes courts et vifs, savoureux et percutants. Des morceaux de sagesse, déclarations d'amour à la vie, à la nature, odes à l'amitié qui vous bouleversent ou vous tirent dans de douces rêveries.

Joëlle Brière est une artiste, tant dans sa manière de ciseler les mots que dans les illustrations qui accompagnent ses ouvrages et qui trahissent l'humour et la malice de cette femme hors du commun. Véritable poétesse, ses écrits sont désormais enseignés dans les cours de français de collège. Quelle consécration pour cette ancienne institutrice! Si vous êtes allés au Salon du Livre ces derniers jours à Paris, vous l'avez peut-être rencontrée sur le stand des éditions de la Renarde Rouge. Car en plus d'être un écrivain merveilleux, Joëlle Brière est aussi une femme remarquablement dynamique qui n'a pas hésité à consacrer sa retraite au métier d'éditrice. Elle a, en effet, fondé en 1994 les éditions de La Renarde Rouge. Les ouvrages qu'elles publient sont à l'image de son travail personnel, des textes courts magnifiés par un papier ivoire de superbe qualité qui fait des ces petits ouvrages de véritables bijoux, trésors à conserver et véritable bonheur à feuilleter.

Parmi ceux écrits par Joëlle Brière elle-même, attardez-vous sur "Pinpanicaille", de petits poèmes destinés aux enfants (et aux plus grands!). Vous accompagnerez l'auteur dans son jardin, vos sens mis en éveil par sa plume magicienne, goutant les parfums de la terre, de l'herbe coupée, admirant les parterres de fleurs et parcourant avec gourmandise le potager, dans l'ouvrage que je préfère intitulé "Ce jardin devant moi...". Vous ferez le plein de sagesse en lisant "Et Zen alors!..." et vous laisserez envahir par la beauté de son dernier livre, paru en août 2005, "Les vergers", illustré par les sublimes calligraphies de Patrick Cutté.

Joëlle BRIERE, Pinpanicaille, Les éditions de la Renarde Rouge, 1994, 23 euros.
Joëlle BRIERE, Ce jardin devant moi..., Les éditions de la Renarde Rouge, 2003, 21.50 euros.
Joëlle BRIERE et Abel CHAMOZ, Et Zen alors!..., Les éditions de la Renarde Rouge, 2003, 16 euros.
Joëlle BRIERE et Patrick CUTTE, Les vergers, Les éditions de la Renarde Rouge, 2005, 24 euros.

mardi, mars 07, 2006

GAVALDA Anna, Je l'aimais, J'ai Lu


Putain de vie... A croire que le bonheur, c'est trop difficile, trop de travail, trop de complications. Je déteste ce bouquin ou je bien je l'adore... Difficile à dire. Ca m'a retourné l'estomac, mis les tripes à l'envers. Qu'est-ce que c'est que ça?! Qu'est-ce que ça veut dire?! C'est l'histoire d'une femme, que son mari vient de quitter. Son beau-père l'emmène à la campagne et une nuit se confie à elle. Il lui raconte que bien des années auparavant, il est tombé amoureux d'une femme qui le rendait infiniment heureux. Seulement il n'a pas trouvé le courage de quitter sa famille. Alors il l'a laissé partir et il est resté trés malheureux. Voilà. Putain de vie! Je suis révoltée! Découragée? Il faut prendre son bonheur en main, se secouer le prunier, s'arracher de sa torpeur quotidienne. Moi je le trouve effrayant ce bouquin. Il donne droit à l'erreur. Sauf que l'erreur, ça fait souffrir. Bien sûr, c'est bien écrit, bien sûr on est happé par l'histoire de Chloé et plus encore par celle de Pierre. J'apprécie toujours autant la plume de Anna Gavalda, mais cette histoire... Elle fait écho à tellement de craintes, de peurs, de doutes aussi... Ca m'a donné la nausée...

GAVALDA Anna, Je l'aimais, J'ai Lu, 4.50 euros.

lundi, mars 06, 2006

GERMAIN Sylvie, Magnus, Albin Michel



Je viens juste de tourner la dernière page de ce livre mais déjà il faut que je vous livre mon sentiment avant que la magie ne s'en aille. C'est un roman presque impossible à décrire et encore plus à résumer. C'est l'histoire d'un homme, voilà tout. Mais un homme qui doit reconquérir son passé, rassembler les morceaux d'un puzzle insaisissable, dont les pièces lui glissent entre les doigts comme de l'eau vive. C'est magnifique. C'est comme un rêve, tant le récit est parfois décousu. Ca ne raconte rien, juste l'histoire de la vie, de cette vie si particulière, de cette histoire si lourde à porter qu'elle ne se laisse pas facilement attraper. C'est un moment de grâce, mêlée à la douleur de ce personnage balloté par l'existence, rudoyé par les évènements.

Je pense que je l'ai lu trop vite. C'est un roman qui se déguste. Il faut le laisser s'aérer, laisser à l'histoire le temps de s'infuser lentement, de se diffuser doucement en nous. C'est un charme puissant, pas trés drôle, pas du tout anodin. La plume de l'auteur est légère, aérienne, enchanteresse. C'est magique et douloureux à la fois. Une merveille.

GERMAIN Sylvie, Magnus, Albin Michel, 17.50 euros.

samedi, mars 04, 2006

REYSSET Karine, A ta place, Editions de l'Olivier


Cécile est une jeune femme boulotte, qui vit seule avec son chat. Elle mène une vie monotone, entretenant ses kilos et sa solitude jusqu'à ce que le médecin d'un hopital psychiatrique ne la contacte pour lui donner des nouvelles de Chloé, son amour d'adolescente. Chloé a perdu la mémoire et ces retrouvailles vont bouleverser l'existence de Cécile, qui va tout faire pour retrouver son amour passé en redonnant vie à la jeune femme amnésique.

J'ai lu ce livre en deux jours. D'une part parce qu'il est assez court mais aussi parce qu'il m'a littéralement captivée. Pourtant, pour être tout à fait honnête, les premières pages ne m'ont pas convaincue et j'ai été tentée de stopper là ma lecture. Mais au fur et à mesure, le personnage de Cécile m'a profondément touchée. Dans sa quête du passé de Chloé, c'est un peu d'elle-même qu'elle va trouver, un retour en arrière sur son propre vécu qu'elle va faire, faisant les comptes, dressant le bilan de 13 années de solitude. La fin est terriblement brutale, laissant presque le récit en suspend, comme d'ailleurs la vie de Cécile, comme une claque, un grand coup qui vous laisse sonné. On voudrait crier "Et alors!! Ou est la suite?" ou bien "C'est tout?" mais à la réflexion, tout est dit. Je pense que le dénouement en déroutera plus d'un et le roman tout entier met assez mal à l'aise. Ecrit à la première personne, il incite le lecteur à mêler ses propres sentiments à ceux du narrateur, mêlant nos angoisses et nos espérances à celles de Cécile. "A ta place" porte d'ailleurs trés bien son titre, mais cela on ne le comprend qu'à la fin.

Le roman de Karine REYSSET ne figure pas parmi ceux que je vous conseille de tout coeur car je suis convaincue qu'il ne séduira pas tout le monde. Je ne suis d'ailleurs pas sûre de pouvoir dire qu'il m'a vraiment plu. Mais une chose est sûre, il ne m'a pas laissée indifférente.

REYSSET Karine, A ta place, Editions de l'Olivier, 18 euros.

vendredi, mars 03, 2006

BAILLY Jean-Christophe, Une nuit à la bibliothèque, Christian Bourgois


Imaginez-vous, la nuit, installés dans la salle de lecture d'une bibliothèque. Soudain, un homme vous adresse la parole et vous tient une sorte de conférence. Mais il est bientôt interrompu par des fantômes, les fantômes de livres qui s'interrogent sur leur existence, le monde extérieur, leur signification , leur place et qui transmettent leur expérience aux nouveaux venus.

"Une nuit à la bibliothèque" est une pièce de théâtre traduite de l'italien et qui a pour particularité de n'être jouée que dans des bibliothèques. En France, elle a été jouée dans les bibliothèques de Dijon, Caen et Montreuil. C'est un véritable petit bijou qui vous invite à réfléchir sur la conservation des ouvrages et leur avenir, et qui vous plonge dans une drôle d'atmosphère. En laissant la parole aux livres, elle nous rappelle que ces derniers constituent une part de notre patrimoine fragile soumis aux entraves du temps et aux mains des lecteurs peu scrupuleux. Elle nous rappelle aussi que les livres sont faits pour être lus, comme en témoignent les lamentations des différents "personnages" de la pièce qui se plaignent de n'être que trop rarement sortis de la réserve ou du rayonnage où ils ont été rangés.

Un trés joli texte que je vous conseille absolument et qui se lit trés rapidement.

BAILLY Jean-Christophe, Une nuit à la bibliothèque, Christian Bourgois, 10 euros.

A propos de Dan Brown


C'est comme une superproduction hollywoodienne: de beaux acteurs, de l'action, des rebondissements abracadabrants et une histoire d'amour qui finit bien. C'est ça un livre de Dan Brown. N'en déplaise aux pseudo-intellectuels qui décrient ce genre de littérature, plébiscitée par le plus grand nombre et responsable des meilleurs chiffres de vente en librairie, ses romans sont plaisants. Et ce serait faire preuve de snobisme que de s'en passer juste pour se démarquer, car voilà une des raison, à mon sens, les plus stupides de se priver de lire un livre.

Néanmoins, on peut regretter les histoires un peu tirées par les cheveux, des rebondissements tellement incroyables qu'ils en deviennent nettement moins convaincants, un style peu travaillé et des héros stéréotypés. On peut reprocher à l'auteur de nous resservir avec des intrigues différentes, une recette en fin de compte unique qu'il duplique dans chacun de ses romans. Je ne vous dévoilerai donc rien en vous disant que dans le dernier opus paru chez Lattès, on a droit à une intrigue politique (comme dans ses ouvrages précédents) impliquant le président des Etats-Unis et un sénateur qui fait campagne pour la Maison Blanche, des méchants que l'on ne soupçonnait pas au début et qui nous mènent en bateau jusqu'à la fin (idem dans "Da Vinci Code" et "Anges et Démons") et une découverte scientifique phénoménale de la NASA qui doit changer la face du monde (cf "Anges et Démons"). Je ne vous cacherai pas que le héros passe à plusieurs reprises tout prés d'une mort qui semble inéluctable pour finalement s'en sortir de façon invraisemblable (et sans suspens merci). On notera toutefois que, comme pour ses romans précédents, l'auteur nous livre ici une histoire remarquablement bien documentée et fait preuve d'une imagination débordante!

En résumé, Dan Brown nous réserve encore quelques moments de détente mais rien qui vaille la peine de se précipiter à la librairie.

BROWN Dan, Deception point, JC Lattés, 22 euros.